Belgian Classic TT : une classique pour les classiques
La Belgian Classic TT de Gedinne est un événement unique en Europe : une épreuve classique, organisée par et pour les pilotes de motos classiques. Aujourd’hui, les courses de Gedinne sont considérées comme un événement incontournable, même à l’étranger. Le week-end prochain, elles figureront pour la neuvième fois au calendrier du sport moto.
Organisée durant le week-end des 23 et 24 août, la Belgian Classic TT est un rendez-vous que les nostalgiques et les passionnés de motos classiques ne voudront manquer sous aucun prétexte. Rendez-vous est donc pris à Gedinne, à la frontière de la province de Namur, pour des courses « comme au bon vieux temps ». Au programme : un cadre rétro et des motos d’avant 1983. Le parc des coureurs, par exemple, s’installera dans la prairie située derrière le départ et l’arrivée. Le restant de l’année, le parcours n’est en réalité qu’une simple voie publique, mais deux jours par an, la chaussée se transforme en un circuit sur route. Des bottes de pailles sont placées dans les virages. Dans les années cinquante et soixante, ce type de configuration était monnaie courante.
Les participants feront le déplacement en caravane et en minibus, en tractant derrière eux leurs motos, solidement arrimées sur une remorque. Les imposants camping-cars que l’on rencontre lors des courses modernes ne seront donc pas de la partie. Certains passeront même la nuit dans une tente. Les motos, de magnifiques classiques, seront quant à elles présentées sous un chapiteau ou devant la caravane ou le minibus de leur propriétaire. Les visiteurs pourront y admirer de nombreuses motos à quatre-temps fabriquées pour la plupart dans les années quarante, cinquante et soixante, dont des Norton, Triumph, FN, Sarolea, Gillet, Rudge, Honda… Les deux-temps japonaises des années soixante et septante seront elles aussi de sortie.
Balles de foin
Les courses classiques de Gedinne figurent depuis 2006 sur le calendrier de la FMB/BMB. La même année, le Classic Racing Motorcycles Belgium (CRMB) fête son vingtième anniversaire. À cette occasion, ses membres et ses pilotes décident d’organiser eux-mêmes un week-end de course. À l’époque, les pilotes de motos classiques concourraient dans deux catégories à Gedinne, aux côtés des modèles modernes. Un événement réservé aux classiques n’existait donc pas. Le premier week-end de course « spécial classiques » s’est déroulé une semaine après les épreuves « modernes » de Gedinne. Pour le CRMB, les choses étaient faciles : les bottes de pailles et le parc des coureurs étaient déjà installés et pouvaient rester en place pendant une semaine. Cependant, l’année suivante, les courses modernes n’ont plus été organisées. Le CRMB dut alors se charger lui-même de l’infrastructure. Pour le club, une telle organisation représente toujours un travail considérable et un investissement énorme en balles de foin. En début de semaine, cinquante membres travaillaient déjà d’arrache-pied afin de préparer le circuit de 5 kilomètres et d’y installer quelque 150 tonnes de pailles, soit près de 5 000 bottes.
Aujourd’hui, la Belgian Classic TT en est à sa neuvième édition. Les lettres TT font référence au Tourist Trophy, les compétitions organisées sur l’île de Man, en mer d’Irlande, où se retrouvent les amateurs de courses sur route. Ce sont les pilotes anglais de side-car qui ont donné au circuit de Gedinne le surnom de TT. « Gedinne a toujours accueilli une épreuve internationale de side-cars », avait un jour déclaré Jean-Pierre Capel, le président du CRMB, lors d’une interview. « Les Anglais avaient alors dit du circuit qu’il ressemblait à celui de l’île de Man : étroit, rapide et sinueux. »
Le succès au rendez-vous
Les courses ne cessent de gagner en popularité au-delà de nos frontières, aussi bien auprès des pilotes que des visiteurs. Plusieurs magazines moto – étrangers – y ont par ailleurs déjà consacré un reportage. ‘The Daily Telegraph’, un très respectable quotidien britannique, s’est lui aussi intéressé à l’évènement belge il y a quelques années. « Le 21e siècle est l’âge d’or des GP moto, et les forêts ardennaises leur eldorado », écrivait le journaliste Frank Melling dans un article intitulé « Festival de courses classiques sur route en Belgique », où il décrivait également les épreuves comme une occasion unique de remonter le temps. « Ce qui rend Gedinne si unique, ce sont ses courses qui se déroulent entièrement sur route et sur lesquelles on remarque à peine une once de modernité. (…) Il suffirait de remplacer les combinaisons de cuir coloré par des tenues noires et les casques intégraux par leurs ancêtres en forme de bol pour se croire en 1955. »
Plus de 220 personnes se sont inscrites à l’édition 2014. Bon nombre d’entre elles concourent par ailleurs dans deux catégories, ce qui porte à 370 le nombre de motos participantes. Aux côtés des Belges, on retrouvera des pilotes néerlandais, britanniques, français et irlandais. On notera que les prix d’accès sont eux aussi rétro : 12 euros pour un jour, et 15 euros pour le week-end avec camping gratuit.
Tendance rétro
La popularité des courses classiques reflète la tendance rétro que l’on observe depuis quelques années dans le monde de la moto. Plusieurs marques ont ainsi complété leur offre à l’aide de modèles dits néo-rétro : des motos qui, en termes de design, s’inspirent de celles des années soixante et septante mais qui, d’un point de vue technique, n’en sont pas moins modernes. Triumph propose par exemple la série Bonneville, qui rappelle les motos Bonneville des années soixante. Avec sa V7 Classic, Moto Guzzi propose également une offre rétro. La quatre-cylindres CB1100 de Honda évoque les années septante. Yamaha a relancé en Europe la SR400, une moto commercialisée pour la première fois il y a 35 ans et qui n’a jamais cessé d’être produite depuis – même si on ne la trouvait plus que sur le marché japonais depuis 2000. BMW surfe également sur la vague du rétro avec sa Nine-T (en référence à sa moto dont on a fêté les nonante ans en 2013). Pour beaucoup de gens, Vespa est l’incarnation même du rétro. Les constructeurs indiens Royal Enfield et LML proposent des motos et des scooters dont le design de base rappelle les modèles des années cinquante et soixante. Lors d’événements comme celui de Gedinne, ces motos néo-rétro côtoient sur les parkings de véritables modèles vintage.